25 avril 2016

> CR de l''AG du lundi 25 avril 2016 - Théâtre du Nord - 12h00

Ordre du jour : L'OCCUPATION DU THEATRE DU NORD ?

 Les discussions s'articulent alors comme suit :

Dans le cadre de la mobilisation pour défendre les propositions des intermittents du spectacle  – ainsi que leur profonde opposition ! Face aux négociations intersyndicales des règles de l'assurance Chômage UNEDIC, depuis quelques jours, des théâtres, un peu partout en France, sont occupés par les intermittents du spectacle ; bien souvent épaulés par des personnes mobilisées au sein du mouvement Nuit Debout.
De plus, Christophe Rauck, directeur du Théâtre du Nord, s'avère être l'un des membres de la représentation régionale du SYNDEAC (Syndicat National Des Entreprises Artistiques et Culturelles) dont la position vis-à-vis de ces négociations pour l'assurance chômage des intermittents du spectacle se heurte, là aussi, à une profonde opposition des intermittents mobilisés contre cette convention.
Même si, pour la première fois, une metteure en scène est à la tête de ce syndicat d'employeurs, en la personne de Madeleine Louarn, directrice du Théâtre de l’Entresort à Morlaix, un récent communiqué de celle-ci n'a fait que conforter le désaccord profond qui nous oppose et dont la base même (la réclamation d 'économies sous le prétexte fallacieux et récurent d'un contexte de crise économique) pose les bases, à la fois, de notre lutte contre cette négociation UNEDIC et des propositions exposées depuis 2003 par les intermittents du spectacles.

Une contextualisation de ces négociations intersyndicales est faite :
  • Ce mouvement de lutte date déjà de 2003 et s'est réactivé en 2014.
  • Cette année, comme les précédentes, la mobilisation s’opère. Mais, au fil des années, l'agacement s'amplifie. La disparition planifiée du régime des intermittents du spectacle semble un projet de plus en plus réel. Et il en va de même pour les autres annexes. La précarisation des travailleurs, l’hyper-flexibilité de l'embauche, l'affaiblissement des représentations syndicales et la stratégie d'isolement des différents corps professionnels orientent-ils n'y a plus à en douter – l'angle de travail de sape des acquis sociaux par une succession de politiques et de mesures d'inspiration libérale.
  • Aux yeux des Interluttants, ces nouvelles négociations, une fois de plus, n'augurent rien de bon. Le SYNAVI (Syndicat National des Arts Vivants) est exclu des discussions tandis que le FESAC (Fédération des Entreprises du Spectacle Vivant, de la musique, de l'audiovisuel et du cinéma) semble abonder dans le sens des économies à concéder. Le seul appui potentiel, comme les années précédentes, paraît bien être celui de la CGT qui, comme en 2014, ne signera vraisemblablement pas le texte final d'accord sur les assurances chômage (Régime Général et Régimes spéciaux confondus). Ces accords pour l'assurance Chômage UNEDIC font d'ailleurs écho à la loi travail, dite Loi El Khomri, qui subit, elle aussi, une forte opposition depuis plusieurs semaines (manifestations et cristallisation du mouvement Nuit Debout autour de celle-ci).
  • En 2014, une étude de Mathieu Grégoire et Olivier Pilmis, commandée par le Syndeac  (Quelle indemnisation chômage pour les intermittents du spectacle ?) démontre que les propositions du comité de suivi sont plus adaptées, plus justes et plus économes que les règles en vigueur depuis 2003 et qui excluent les plus fragiles au profit de salariés à hauts revenus.
  • En 2014 un recours a été porté auprès du Conseil Constitutionnel afin d'invalider les négociations UNEDIC de 2014. Notamment à propos des droits rechargeables applicables aux intermittents du spectacle. En 2015, le Conseil Constitutionnel a finalement donné raison aux requérants. Mais le gouvernement a contourné la décision prise par la loi.

Un vote est alors proposé afin d'acter un consensus autour des revendications principales dont nous nous faisons les défenseurs. Ces revendications sont les suivantes :
  • Refus des économies présentées actuellement pour une mise en avant du modèle proposé et des propositions du comité de suivi. 
  • Retour à la date d'anniversaire pour le calcul et le renouvellement des droits à l’indemnisation chômage. (507 heures sur 12 mois)
  • Fusion des annexes 8 (ouvriers et techniciens) et 10 (artistes) de la convention d'assurance chômage.
  • Meilleure prise en charge des situations d'arrêts maladie et maternité.
  • Calcul équitable du plafond mensuel du cumul Salaire + Indemnisations chômage.
  • Réévaluation de la prise en compte des heures d’intervention pédagogique pour les artistes, ainsi que pour les techniciens.

Suite au vote, le consensus des revendications est approuvé à l’unanimité.
La discussion s'enchaîne donc sur les modalités de l'occupation du Théâtre du Nord avant sa mise au vote.
Après débat, la mise au vote s'oriente alors sur les points selon lesquels il s'agirait de :
  • Occuper le théâtre en solidarité avec les autres scènes nationales déjà occupées.
  • Occuper le théâtre afin que son directeur, Chritophe Rauck, dont la position n'est pas suffisamment claire à nos yeux, soit contraint à se déclarer et à faire remonter, de part son poste de représentant régional du SYNDEAC,  nos revendications à la tête du syndicat actuellement à la table des négociations.
  • Occuper le Théâtre sans en bloquer l'activité afin de cohabiter en bonne intelligence avec les travailleurs qui en font la force et de pouvoir accueillir le public afin de l’informer de la situation. La pression économique par un blocage est, toutefois, une perspective à étudier.
  • Occuper le Théâtre afin de profiter des locaux pour y inviter les membres des syndicats, étudiants en lutte et des membres du mouvement Nuit Debout afin de contribuer à la convergence des luttes.

Suite au vote, la décision d'occuper le Théâtre du Nord est adoptée à la majorité.
Un groupe de quatre personnes est alors délégué afin d'en aller informer immédiatement la direction. Le directeur, Christophe Rauck, étant absent, c'est donc Nathalie Pousset, directrice adjointe, qui recevra la délégation et demandera qu'on lui remette une note formelle des modalités et revendications de cette occupation afin de pouvoir la transmettre aux personnes concernées. 

En conclusion, les personnes présentes, parmi lesquels des intermittents du spectacle, des étudiants, des membres de syndicats, des participants au mouvement Nuit Debout, des précaires, se retrouvent sur le fait que les mouvements sociaux doivent se durcir et converger. Mais cela sans, non plus, se bercer d'illusions. La convergence, bien qu'effective, est encore embryonnaire et les personnes mobilisées se doivent d'entretenir cette dynamique afin de l'amplifier. Car les décideurs politiques et financiers contre lesquels nous jouons gardent l'avantage du pouvoir et n'hésitent plus à dépasser les marges de la légalité. De son côté, le réseau médiatique généraliste entretient une information partiale et lénifiantes, tandis que nombre de citoyens sont, de par la pression de leur situation professionnelle, financière, voire culturelle, dans l'impossibilité de contribuer au mouvement social qui se fait actuellement.
Nous ne pouvons que constater qu’il est stratégiquement  nécessaire d'allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté.