La réunion de l'AG a été ouverte
par le président de séance qui a remercié les étudiants occupant l'amphithéâtre
Archimède pour leur accueil et leur présence. Cette AG s'inscrit dans la
volonté des interluttants de prendre leur part dans la convergence des luttes
qui se dessine.
Rappels sur les motivations de la
lutte.
Le conflit qui nous
mobilise est celui du rejet de la convention d'assurance chômage, telle que le
MEDEF souhaite qu'elle soit signée et appliquée. La démarche est toujours la même, face à un déficit constaté par les
partenaires sociaux et par différents rapports (Cour des Comptes notamment), le
MEDEF souhaite imposer des mesure d'économies qui se traduisent par des
réductions des droits, souhaite renforcer et systématiser les contrôles avec
pour objectif la radiation massive des demandeurs d'emploi y compris sur les
bases de décisions arbitraires et contraires au droit.
Le déficit de l'UNEDIC est contestable. Il est uniquement dû au
désengagement de l'État en 2008 lors de la fusion de l'ANPE et des Assedics
pour fonder Pôle Emploi, aujourd'hui financé aux 2/3 par une taxation de 10%
des cotisations perçues par l'Unedic. Cette charge indue (Pôle Emploi –
organisme public - est financé par un prélèvement à la source sur du salaire
indirect mutualisé) pèse sur le budget alors que l'assiette de cotisation est
resté constante. L'effondrement des comptes devenait inévitable.
Le MEDEF souhaite aussi – et fixe
comme règle incontournable le maintien du taux de cotisation du régime général,
lequel est appliqué depuis la fin du XXe siècle ! (il n'a été baissé que durant
2 ans entre 2000 et 2001, les partenaires sociaux constatant que les comptes de
l'UNEDIC étaient excédentaires, en 2002 les comptes redevenaient du fait de
cette mesure déficitaires). Bien entendu, cette mesure de maintien du taux de
cotisations en dépit du déficit constaté ne s'applique pas aux annexes 8 et 10.
À propos des annexes (bref rappel
sur ce que sont les annexes et le processus de négociation notamment pour les
étudiants présents), la lettre de
cadrage imposée par le MEDEF est inacceptable !
Précision : 3 syndicats salariaux (CFDT, CFTC et en dernière minute CFE-CGC)
ont signé cette lettre de cadrage, qui aggrave la situation de 1992 (N.D.R. 1er
conflit social majeur autour de l'intermittence). La lettre de cadrage fixe un
objectif d'économies intenable : 185 millions d'euros d'économies exigées pour
2016, soit près du quart des économies escomptées sur l'ensemble de
l'indemnisation chômage. L'objectif à long terme est d'obtenir 440 millions
d'économies et de ramener le ratio entre cotisations perçues et allocations
versées à 1 pour 3. Il est important de rappeler que ces économies ne peuvent
être obtenues qu'en portant atteinte aux droits des intermittents et par
l'exclusion massive du régime d'indemnisation.
Le taux de cotisation est passé
de 2003 à aujourd'hui de 6,4% à 13,3% (N.D .R. 12,8% plus 0,5% applicables
dans le cadre de la sur-cotisation liées aux contrats courts décidée en 2013). La
lettre de cadrage porte en elle les germes de la suppression du régime
spécifiques des intermittents, tant sur le fond – contestation de la légitimité
de l'intermittence dans le préambule – que dans les modalités exigées).
Nous sommes là non seulement contre la réforme qui se prépare de
l'UNEDIC et notamment de ses conséquences attendues sur l'intermittence, mais
aussi contre la loi El Khomri qui aboutira à la destruction globale des droits
sociaux et du droit du travail. Le système de l'intermittence est un système flexible. Il est
devenu le laboratoire de la flexibilité et nous avons démontré en 2014 que –
dans un contexte de précarisation généralisé, il pourrait (dans le mode de
fonctionnement antérieur à 2003) être un modèle apportant une couverture
chômage satisfaisante à des salariés précaires, ce qui est intolérable aux yeux
du MEDEF. « Notre combat est
corporatisme mais pas seulement, il est un combat très général pour la société
de demain ».
Il est nécessaire que s'opère une
convergence entre le conflit pour le droit à l'indemnisation chômage et celui
contre la loi El Khomri.
La négociation pour les annexes 8
et 10 doit être bouclée et aboutir à un accord des négociateurs des secteurs du
spectacle, du cinéma et de l'audio-visuel avant le 25 avril.
Prise de parole des étudiants
Les étudiants accueillent l'AG
des interluttants dans un amphithéâtre occupé depuis une semaine et demi. Les
personnes présentes sont toutes plus ou moins militantes sans forcément le
revendiquer. Il y a de nombreux indépendants (N.D.R. Personnes non rattachées à
un syndicat étudiant ou un mouvement politique) dans la lutte.
On peut oser un grand mot : «convergence des luttes». Les enjeux et
la portée du mouvement y incitent mais il est nécessaire de s'organiser.
De nombreux étudiants ont
conscience qu'ils se préparent à un avenir de travailleurs précaires.
Les étudiants ont aussi conscience qu'une de leur force est de pouvoir
s'engager et militer sans risquer de perdre leur emploi.
Commissions
Rappel des commissions décidées
lors de l'AG précédente et désignation des animateurs
-
Action
-
Légistes
(analyse, décryptage
-
Mobilisation
/ Remobilisation
-
Convergence
-
Trésorerie
-
Communication
:
-
Outils de
communication
-
Vidéo
-
Médias
-
Tracts
Il a été rappelé que les
commissions restent ouvertes et que les animateurs peuvent changer. Le travail
des commissions consiste à la fois à proposer des choses aux AG et à mettre en
œuvre les décisions de l'AG.
Rappel sur nos outils de
communication : la communauté (ouverte) et le groupe (fermé) Facebook Interluttants 59/62 ; le blog ;
la liste rise-up ; le compte tweeter. Dans le blog, figure le Kit Manif et un onglet décryptage.
L'AG rappelle l'importance des relations presse, qu'il faut prévoir
dans toutes nos actions et nos publications. Il est nécessaire d'avoir une ou
des personnes identifiées par les médias (porte-paroles) pour construire une
relation presse.
Information sur la situation
Dans la salle, rappel de la
difficulté à avoir de l'information avec pour conséquence une démobilisation et
la perte de militants.
En 2014, où les informations sur les négociations étaient faciles à
obtenir, ici les informations aussi bien sur la loi El Khomri (392 pages) que
sur la négociation UNEDIC sont très difficiles à trouver. Le texte de loi a été
publié dans la soirée du 24 au 25 mars (N.D.R. on peut la retrouver sur le site
de l'assemblée). La lettre de cadrage n'a fuité que quelques jours avant la
négociation et elle n'est toujours pas officialisée. Les informations dans les
médias sont trop parcellaires pour que l'on puisse s'en servir pour du
décryptage et de l'information rigoureuse nécessaire à la mobilisation.
Débat sur le périmètre de la
lutte :
-
Il n'y a pas
que les intermittents et qu'il fallait aussi aller vers les précaires.
-
Le cœur de
notre action devait être la préservation des annexes dans la négociation UNEDIC
et que c'était ce qui nous mobilisait.
-
On ne pouvait
pas limiter notre lutte à des intérêts catégoriels.
-
Alerte :
une menace réelle que le gouvernement fasse mine comme en 2014 de « sauver
l'intermittence » en contribuant financièrement au régime (ce qui est
exigé par le MEDEF dans la lettre de cadrage), ce qui nous isolera du reste du
corps social, nous sortira de la solidarité interprofessionnelle, avec comme
finalité la destruction des annexes 8 et 10. C'est pour cette raison insistance
sur la priorité à accorder au combat contre la réforme UNEDIC.
Action villa Cavrois
Des interluttants revenaient de
l'occupation de la villa Cavrois. Il s'agissait avant tout d'une action
symbolique d'un lieu qui a été rénové à grands frais (23 millions d'euros) et
qui se situe au milieu d'un quartier concentrant quelques-unes des personnes
les plus riches de France dans un espace de la ville qui a été totalement
privatisé. Les plus riches dans la ville le plus pauvre de France.
Ceux qui ont participé à cette
action ont vu à quel point les ultra-riches étaient dérangés par leur simple
présence et à quel point cette dernière – alors que l'action était totalement
pacifique – était perçue comme une agression extrêmement violente.
L'action a consisté en une
occupation symbolique avec déploiement d'une banderole et distribution de
tracts aux visiteurs. Quelques contacts avec les médias locaux avant
l'évacuation.
À noter la présence de la police
et de la DGSI sur les lieux.
L'AG a constaté l'importance de
mettre en relation l'idée même de déficits sociaux au regard de l'immensité de
l'évasion et de la fraude fiscale qui vient d'être rappelé avec éclat par
l'affaire Panama Papers.
Retour sur le 31 mars / Nuit
Debout
Dans la manifestation du 31 mars
à Lille, la présence d'une centaine de travailleurs du spectacle est le signe
d'une véritable prise de conscience de la profession et d'un réveil du
mouvement des interluttants (N.D.R. la DGSI ne s'y est pas trompée, qui a
surveillé les interluttants tout au long de la manifestation).
La répression qui a précédé la
manifestation (charge extrêmement violente, sans sommation et totalement
injustifiée dans la matinée lors d'un barrage filtrant à l'accès routier à la
ville au pied du Conseil Régional) et celle qui a suivie (une charge qui a fait
plusieurs blessés d'un petit groupe de manifestants qui ne s'étaient pas
immédiatement dispersés) sont violemment condamnées par l'AG. Les images et
vidéos de ces violences à Lille sont relayées sur des réseaux sociaux. Lille
est une ville où les violences policières liées aux manifestations sont
exceptionnelles. Cela montre la fébrilité voire la peur du gouvernement de voir
le mouvement Nuit Debout s'installer (toléré – malgré la dispersion par les CRS
le matin – à Paris, non toléré en province).
Dans la salle, des personnes ont
témoigné du fait que la police filme systématiquement les manifestants
(intimidation, volonté de fichage des opposants en vue d'éventuelles mesures de
représailles?).
Nuit Debout doit être mieux préparé. Il n'a pas pu – à cause de la
répression policière et de la dispersion violente des manifestants se mettre en
place à l'issue de la manifestation du 31 mars (de nombreux tracts ont été
distribués pour appeler à cela), il faut parvenir à l'instaurer lors des
manifestations à venir. Dans la salle, il a été rappelé que des démarches sont
en cours pour permettre ce mouvement (notamment demande d'autorisation
d'occuper l'espace public).
Une page a été ouverte (par
Podemos Lille) pour Nuit Debout, page qui est en réalité mise à disposition des
militants et des citoyens. Une réunion doit se tenir mercredi à 17h pour la
mobilisation de samedi. Mercredi, il faut organiser une AG après la manifestation.
Ce qui se prépare avec notamment
Nuit Debout est une réflexion globale et une mobilisation du peuple qui peut et
doit aboutir à l'écriture d'une nouvelle constitution sociale.
CNIP de Stasbourg
L'AG adopte le principe de participer à la coordination nationale qui
se tiendra à Strasbourg. Reste à définir qui peut y aller.
L'ordre du jour et les participants étant épuisés, la séance a été
levée à 21h30 !
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