23 mars 2014

COLÈRE ET DÉTERMINATION

COMMUNIQUÉ DU COLLECTIF DU 22 MARS

Après un mois de lutte, de manifestations, d'occupations, de travail de pédagogie et de conviction, nous avons pris connaissance hier soir, au Carreau du Temple, sonné et abasourdi, de la teneur de l'accord que vont signer la CFDT, la CFTC et FO avec les délégations patronales.

Si les annexes 8 et 10 paraissent « maintenues et sauvées » ce n'est qu’en apparence et il faut bien comprendre que l'attaque est d'autant plus sévère et dangereuse qu'elle est indirecte et semble maintenir « l’essentiel ».

En fait de maintien, on proroge le dispositif de 2003 en aggravant ses pires travers !

Notre constat est simple et clair: Colère et détermination.

Le dispositif de différé d’indemnisation permettra à l'Unedic de faire des économies mais, d'après nos premières estimations, uniquement sur le dos des petites indemnisations. De plus, elle rajoute encore du glissement à du glissement… 

C'
est une vraie patinoire où nous allons être nombreux à y laisser des dents.

Le nouveau plafond de cumul Indemnisation/Salaires fixé à 5.475,75 euros est un faux semblant dérisoire. Dérisoire, car l'économie réalisée sera de 23 millions sur 1,3 Milliard d'euros de dépenses. Un faux-semblant car, sans date anniversaire fixe, le plafond ne fait que décaler le versement du capital de droits dans le temps.

Enfin, et c'est bien là le pire, la hausse des cotisations chômage de 2,5 point sera dévastatrice.

En augmentant les cotisations chômages jusqu'à 13,3%, contre 6,4% pour les salariés du régime général (sans compter tous les dispositifs de baisse et d'exonération de charges dont bénéficient bon nombre d'entreprises), ce n'est pas seulement le salaire net des salariés qui va être rogné, c'est toute l'activité du secteur qui dépend de l'emploi intermittent qui va être brutalement et durablement fragilisés. Comment imaginer en effet qu'avec des cotisations plus que doublées, le modèle économique du spectacle vivant et des entreprises culturelles ne soient profondément ébranlé et mis à mal?

Sachez-le : à ce jeu-là, il y aura des morts, et ils seront nombreux.

Bien entendu, les petites structures, lieux et compagnies, seront touchées de plein fouet. Et il ne faut pas compter sur l'aide de l'état lorsque dans le même temps on nous annonce des baisse de 20% des budgets consacrés à la création au cours des trois prochaines années.

Mais ce ne seront pas là les seuls effets. Cette hausse va favoriser comme jamais le recours au travail non déclaré. Comment imaginer qu'une hausse du coût du salaire de cette ampleur pourra être absorbé par des compagnies et des structures d'ores-et-déjà exsangue, sans engendrer des coups de canifs et des entorses aux droits des salariés…

Nous allons voir fleurir les propositions de travail sous le statut d'auto-entrepreneur.Cette seule mesure va favoriser une attaque majeure contre le fondement de nos droits sociaux en tant qu'artiste, technicien ou personnel administratif intermittent, c'est à dire la présomption de salariat !

Enfin, la hausse des cotisation va favoriser encore plus les délocalisations d'activité, que ce soit pour les studios d'enregistrement de musique, de publicité, de doublage ou de post-production, ou bien encore pour les tournages cinéma et télévisuels, gourmands en figurants et nécessitants des décors et costumes importants.

Nous serons soumis, aussi bien au niveau individuel qu'au niveau collectif à de pressions sans précédents, pour accepter des conditions d'emplois indignes et pour nous forcer à signer des accords collectifs indécents.


On baissera nos salaireson rognera nos droits sociauxon magouillera sur les heures déclarées, le tout, sous menace de délocalisation de l'activité en Belgique, en Espagne, au Maroc, en Tunisie, en République tchèque, en Afrique du Sud…

Alors, oui ! COLÈRE ET DÉTERMINATION ! 
Ces négociations ont été un déni de démocratie sociale. Elles se sont déroulées dans les corridors et les arrières salles du Medef, mais pas à une seule minute dans la salle de négociation, au vu et su de tous les intervenants. Ces arrangements de cabinet sont indignes de l'enjeu d'une négociation, censée assurer la pérennité et la rénovation du financement de l'assurance chômage, alors même que celui-ci est historiquement haut et que la précarité use, cogne et assomme de plus en plus de personnes chaque jour.

COLÈRE ET DÉTERMINATION !  Car le ministre du travail et la ministre de la culture n'ont pas attendu 24h pour se féliciter d'un accord et propager l'idée que nous aurions été «sauvés » même au prix de « quelques efforts consentis »…

COLÈRE ET DÉTERMINATION ! Car la presse explique déjà que « l'essentiel est sauvegardé »…

COLÈRE ET DÉTERMINATION ! Car malgré un travail de fond, engagé depuis plus de dix ans, malgré les propositions élaborées par le comité de suivi, validées tout à la fois par des syndicats de salariés, des organisations patronales du secteur, le mouvement associatif et des parlementaires de tous bords, malgré le travail de la commission parlementaire de Christian Kert et Jean-Patrick Gille, malgré le rapport de Mathieu Grégoire et d'Olivier Pilmis, nous avons eu le sentiment, hier soir, que nous faisions du surplace.

COLÈRE ET DÉTERMINATION ! D'avoir eu à subir la morgue et le mépris d'organisations patronales et syndicales dont l'incompétence sur ce sujet et la méconnaissance de nos métiers, de nos professions et de nos pratiques n'a d'égal que le dégout qu'ils éprouvent pour le paritarisme et la démocratie sociale.

COLÈRE ET DÉTERMINATION ! Car nous sommes persuadés que cet accord, s'il est appliqué, va s'attaquer encore une fois aux plus fragiles et aux plus précaires d'entre nous. Car malgré la mobilisation qui monte depuis plus d'un mois et qui a permis, sans aucun doute, d'éviter de finir en charpie, nous avons le sentiment d'un immense gâchis.

COLÈRE ET DÉTERMINATION ! Car nous ne lâcherons pas un iota sur nos revendications. Nous voulons qu'une réforme des annexes 8 et 10 soit mise en discussion sur la base des préconisations du comité de suivi.

La lutte continue.